Bienvenue à la Friche
Aujourd'hui mercredi 2 avr.

Dans l'air du temps

Un espace 100% dédié aux transitions et à la recherche

1 avril 2025
© Clara Prat

« La Friche la Belle de Mai fait un pas de plus dans sa redirection écologique.

Le 5 mars dernier, le LaboFriche a ouvert ses portes au cœur de l’ancienne manufacture des tabacs, aujourd’hui lieu incontournable de la vie culturelle marseillaise. Ce laboratoire meublé d’une immense bibliothèque est pensé comme un espace dédié à la recherche et à l’expérimentation autour des grands enjeux contemporains : droits culturels, écologie, numérique, fabrique de la ville, économie sociale et solidaire…

« Le LaboFriche s‘inscrit dans l’ADN d’expérimentation qui nous porte depuis plus de 30 ans », se réjouit le directeur de la Friche la Belle de Mai, Alban Corbier-Labasse. Cette inauguration s’inscrit en effet dans la démarche de redirection écologique que porte le lieu culturel depuis plusieurs années, l’amenant à repenser ses usages et sa raison d’être à la lumière des limites planétaires.

Croiser les regards

Toute l’année, le LaboFriche accueillera des ateliers, des conférences et des journées d’étude croisant les mondes de la recherche, de la culture, de l’entreprise, des politiques publiques ou de l’associatif. « L’objectif est de décloisonner les secteurs et les disciplines pour mieux comprendre la complexité de ce qui nous arrive », résume Stéphane Pinard, responsable recherche et développement territorial à la Friche. « On a besoin d’espaces où les chercheur·ses, les professionnel·les, les politiques et les artistes se rencontrent, des espaces où mêler le savoir académique et les pratiques de terrain dans un vrai but de transformation de la société. »

Ce laboratoire permet également de « faire atterrir » de nombreux programmes de recherche déjà menés à la Friche, ainsi que de donner une caisse de résonance à ce qu’il s’y passe. Avec près de 70 structures résidentes – associations, théâtre, artistes, entreprises de l’économie sociale et solidaire – et une gouvernance en coopérative impliquant les citoyen·nes du quartier, la Friche est un riche terrain d’observation pour la recherche. Tant pour essaimer des pratiques porteuses d’avenir, que pour faire apparaître des difficultés capables d’être dépassées par de l’intelligence collective.

Pour sa première saison 2025, le LaboFriche proposera des rencontres autour de l’intelligence artificielle et du numérique avec les éditions OpenLab, de la défense des droits culturels avec le réseau Culture 21, du droit du travail dans la culture ou de la sécurité sociale de l’alimentation.

Un chantier-école

Les ambitions de « défrichage » ont pris corps dès l’aménagement du Labo. Pour rénover cette ancienne salle de résidence artistique, la Friche a fait appel au cabinet d’architecte BK Club – spécialisé dans l’éco-conception, et au collectif Astérolides qui surcycle les déchets du secteur culturel et événementiel. Avec deux contraintes principales : zéro déchet et 100 % récup’.
L’équipe a ainsi conçu le mobilier à partir de matériaux glanés aux quatre coins de la Friche. Avec près d’une tonne de bois aggloméré, 380 kg de bois massif ou 100 kg de fer, ils/elles ont construit une bibliothèque, des tables, une isolation sonore faite de rideaux de théâtre.… Et ce, dans un design proche du neuf, loin du design-palette qui colle souvent à la peau des adeptes de la récupération.

« Dans notre démarche, tout part des besoins des usager·es et des matériaux récupérés », raconte Armelle Ambroggi, cofondatrice d’Astérolide. « Au-delà, la seule limite est notre créativité. »
Suivant le principe de la maîtrise d’usage – destiné à intégrer les usager·es d’un lieu dans sa conception –, des chantiers participatifs ont été organisés avec des résident·es et voisin·es de la Friche, ainsi qu’avec des jeunes en réinsertion professionnelle de l’association Addap13. « Il est parfois difficile de déléguer certaines tâches quand on est perfectionniste », raconte Lili Graille, aussi cofondatrice d’Astérolide. « Le rendu n’est peut-être pas exactement ce qu’on aurait produit seules, mais il est parfait parce qu’il y a de beaux moments de partage derrière. »

« Ce sont des méthodes qui ne coûtent pas moins cher » tient à préciser Marc Kauffmann, cofondateur de l’agence BK Club. « Par contre, le budget est orienté vers du travail, de la valorisation des savoirs-faire et de la transmission, plutôt que sur des matériaux. Derrière ce chantier, il y a l’ambition de faire école, de montrer qu’il est possible de faire autrement, ce qui correspond bien à tout ce que veut être le LaboFriche ». »

ARTICLE RÉDIGÉ EN PARTENARIAT AVEC PIOCHE MAGAZINE

À lire dans le même dossier

Penser le commun

L’arroseraie ou comment voler la pluie

Au cœur des manufactures de la Friche, un projet artistique et innovant prend racine. Entre résilience écologique et poésie, l’arroseraie offre une vision nouvelle de la gestion des ressources en eau.

Lire la suite

La Friche s’adapte au dérèglement climatique

Face aux inondations et aux sécheresses à répétition, la Friche la Belle de Mai de Marseille s’apprête à accueillir une micro-forêt et des dispositifs de récupération d’eau de pluie à grande échelle. Fidèle à son ADN artistique, l’institution trentenaire prend soin d’adosser ces expérimentations à des actions socio-culturelles. Une voie pour faire entrer l’art et les citoyen·nes dans la fabrique de la ville.

Lire la suite

Quand les habitant·es de la Belle de Mai participent au processus créatif de la Friche

Véritable laboratoire permanent, la Friche s’inscrit dans des démarches expérimentales qui viennent bousculer les habitudes et casser les codes de la production artistique. On y questionne les méthodes de production, leurs impacts environnementaux, les liens avec les différents publics, son ancrage territorial… Zoom sur le projet Future Divercities.

Lire la suite