Quand les habitant·es de la Belle de Mai participent au processus créatif de la Friche
29 mars 2024
La Friche la Belle de Mai porte le nom du quartier dans lequel elle est implantée depuis plus de 30 ans en tant qu’opérateur culturel. Originale et pleine de ressources, notamment grâce à la diversité des structures résidentes qui la composent, elle travaille constamment à se renouveler.
Véritable laboratoire permanent, la Friche s’inscrit dans des démarches expérimentales qui viennent bousculer les habitudes et casser les codes de la production artistique. On y questionne les méthodes de production, leurs impacts environnementaux, les liens avec les différents publics, son ancrage territorial…
LE PROJET FUTURE DIVERCITIES
Le projet européen Future DiverCities témoigne de cette dynamique et vise à explorer de nouvelles pratiques de productions de projets participatifs. Porté par la Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC Friche la Belle de Mai) en collaboration avec Chroniques, résident historique, il participe à la réflexion globale autour des usages des espaces vacants dans nos villes, et se questionne sur la façon dont ces espaces peuvent être réinventés.
Au cœur de ce projet : la participation des communautés locales, les premières impactées par tout changement.
LA BELLE DE MAI : ESPACE(S) DE VIE
Future DiverCities, c’est l’occasion de sortir des murs de la Friche et d’aller à la rencontre des habitant·es et usager·es du quartier. Pendant un an, des équipes de la société coopérative et de Chroniques ont testé une méthode participative intégrant les habitant·es à chaque étape du projet.
Durant plusieurs mois, elles ont arpenté les rues du quartier avec des habitant·es de différentes générations afin d’en comprendre leurs usages, mais aussi leurs besoins et désirs en termes d’espaces de convivialité. Ces déambulations ont permis de repérer plusieurs espaces dits vacants. Dans chaque espace repéré, des discussions ont permis de récolter certaines habitudes prises par les usager·es, mais aussi leurs souvenirs et anecdotes.
Divers questionnements ont émergé : que pouvons-nous faire dans un espace urbain vacant ? De quoi les habitant·es ont besoin ? Ont envie ? Comment et quelle pratique artistique peut tenter d’apporter des éléments de solution ?
Cette première étape d’arpentage dans le quartier avec celles et ceux qui le vivent au quotidien a donné lieu à de belles rencontres, des échanges riches, et a permis le constat que les espaces favorables à la création artistique dans l’espace public sont, à l’inverse de ce que l’on peut parfois penser, nombreux.
UN PROJET OUVERT AU DIALOGUEET À L’EXPÉRIMENTATION
Le projet Future DiverCities a pour ambition de réunir diverses parties prenantes ayant des visions et des contraintes très différentes (associations, bailleurs de terrain, municipalité, usager·es, commerçant·es…) et d’instaurer un espace de dialogue entre elles.
Le but : que les premier·es touché·es par toute intervention ou modification des usages d’un espace dans le quartier puissent exprimer leurs envies et leurs besoins, mais également ce qu’iels ne souhaitent pas voir.
Après une série de balades pour cartographier des espaces vacants du quartier, près d’une dizaine d’espaces ont été relevés et mis à l’étude. Tout doit être mesuré et pris en compte : à qui appartient l’espace, des projets sont-ils prévus, l’aspect sécuritaire pour y accueillir des personnes, l’absence d’ombre, ou encore le nombre d’insectes et d’espèces végétales qu’il faut veiller à ne surtout pas déranger.
SE NOURRIR DES EXPÉRIENCES PARTAGÉES
S’inscrivant dans une dynamique européenne, chaque expérience et tentative menée à Marseille est partagée au sein d’un partenariat réunissant 13 organisations culturelles et confrontées à 6 autres contextes locaux situés à Athènes, Berlin, Liepaja, Florence, Kuopio, Zagreb, et Timisoara.
Dans cette optique, en novembre 2023, les partenaires du projet se sont réuni·es à Timisoara en Roumanie, Capitale Européenne de la Culture 2023, afin de faire le point sur leurs avancées dans le projet. Cet échange entre professionnel·les du secteur a permis de découvrir l’espace d’intervention du partenaire PLAI à Timisoara mais aussi de discuter avec les personnes qui mènent le projet là-bas des différentes méthodes qu’iels ont testées pour travailler avec les communautés locales qui représentent l’écosystème entourant leur espace.
À travers une multitude d’ateliers et de visites menées pendant 3 jours, les participant·es impliqué·es dans le projet Future DiverCities dans les différentes villes ont pu évoquer leurs doutes, inquiétudes, mais partager aussi leurs bonnes pratiques, des méthodes qui ont fait leur preuves pour travailler à l’implication des diverses parties prenantes qui composent les territoires.
La richesse de ces journées de travail permet de constater que les préoccupations des organisations sont similaires tant à l’échelle nationale qu’européenne. Ces sujets transversaux touchent un très grand nombre de centres culturels hybrides en Europe.
ET MAINTENANT ?
Depuis cette rencontre les partenaires sont guidé·es par des expert·es en écologie urbaine et accompagnement aux transitions afin de mesurer les impacts que de telles interventions peuvent produire.
Les objectifs sont multiples ; le premier étant de bousculer les pratiques des producteur·ices artistiques et culturel·les en termes de création dans l’espace public. En second plan apparaît l’importance de l’analyse de ces interventions et de l’écriture de recommandations pour des créations urbaines plus respectueuses des écosystèmes dans lesquelles elles se déploient.
En parallèle, à Marseille, la longue phase de recherches et d’analyses a permis de se positionner sur un très bel espace partagé avec des partenaires du territoire. Ensemble, on réfléchit à des propositions d’activation de l’espace qui participeront à renforcer des dynamiques communes, des usages de l’espace liés à la convivialité.
Quelques indices vous permettront peut-être de deviner l’espace retenu : à environ 10 minutes à pieds de la Friche, il abrite une belle biodiversité et il n’est pas toujours ouvert au public hors temps évènementiel…
Restez attentif·ves, on vous en dit plus très vite !
Face aux inondations et aux sécheresses à répétition, la Friche Belle de Mai s’apprête à accueillir une micro-forêt et des dispositifs de récupération d’eau de pluie à grande échelle. Fidèle à son ADN artistique, l’institution trentenaire prend soin d’adosser ces expérimentations à des actions socio-culturelles. Une voie pour faire entrer l’art et les citoyen·nes dans la fabrique de la ville.
Fin novembre 2023, à l’occasion de l’événement #PLUS20, la Friche rassemblait une centaine d’habitant·es et d’acteur·ices locaux autour d’un exercice ludique : imaginer le futur de leur quartier à l’horizon 2043. Retour sur cet évènement et ses enjeux avec Pioche Magazine.
Vingt ans après les Rencontres des Nouveaux Territoire de l’Art à la Friche la Belle de Mai, 30 auteur·ices, philosophes, sociologues, architectes et paysagistes explicitent et précisent le vocabulaire développé par et autour de ces espaces singuliers.