« La première fois que je suis venu à la Friche, j’avais 11 ou 12 ans. Maintenant, j’en ai 19 et j’ai pratiquement grandi ici. C’est comme ma deuxième maison »
Bienvenue à la Friche
Aujourd'hui samedi 21 déc.
La Friche est faite de gens qui la traversent. Cette saison, on continue les présentations. Derrière ces visages, découvrez l’histoire de celles et ceux que vous avez sûrement déjà croisé·es.
Ici, les gens vont, viennent et souvent reviennent. Au détour des Manufactures, du restaurant, de la place des quais ou du Champ de Mai, un échange, quelques questions et des bribes d’histoires de ce lieu aux mille vies.
Marion vit à Marseille depuis une petite vingtaine d’années, pendant lesquelles elle est régulièrement venue à la Friche. Depuis 7 ans qu’elle habite le quartier de la Belle de Mai avec sa famille, elle vient quasi quotidiennement, notamment pour entretenir sa parcelle du Jardin des Rails. Elle nous raconte :
« La première fois que je suis venue à la Friche, je ne vivais pas encore à Marseille. J’étais étudiante à l’époque à Dijon et je suis venue pour une soirée. C’était, si mes souvenirs sont exacts, une soirée cirque sur ce qui s’appelle maintenant le Champ de mai… je me souviens des guirlandes de guinguettes. Ça a bien changé depuis ! Il y avait un aspect un peu plus confidentiel qu’aujourd’hui je crois.
On se trouve ici à côté du Jardin des rails, où je partage une parcelle avec mon compagnon Nicolas et notre co-jardinier Jean-Jacques. Ça s’appelle le Jardin des rails parce que ça jouxte vraiment les rails de la SNCF. Sa particularité : c’est un jardin partagé.
© Clara Prat
Il y a une vingtaine de parcelles, des temps collectifs et chaque parcelle est partagée par plusieurs jardinier·es du quartier, on doit être une trentaine en tout.
Jean Rebaudy, paysagiste, nous accompagne dans la gestion de ce jardin (il travaille à L’Hydre et gère aussi les espaces extérieurs du Couvent de la Belle de Mai). On se réunit environ une fois par mois, les samedis, il nous donne des conseils pour savoir comment faire du compost, amender la terre, tailler notre vigne. C’est aussi un moment pour échanger, se rencontrer autour d’un verre, d’un café et jardiner ensemble ou entreprendre un chantier collectif.
Récemment, on a conçu des pancartes pour numéroter les parcelles, qu’on a décoré avec les enfants. Le Jardin des rails, c’est vraiment l’extérieur de notre appartement. D’ailleurs, toute la Friche est un peu comme l’extension de notre maison. Ces îlots de verdure au sein du quartier de la Belle de Mai sont vraiment précieux. On y vient très souvent, déjà parce que les enfants ont des activités ici, iels font du skate le mardi et le mercredi et viennent profiter des spectacles du théâtre Massalia, des expositions, du toit-terrasse l’été. Aussi parce qu’on y retrouve des copaines, les enfants aussi retrouvent leurs copaines de classe. C’est vraiment un lieu de passage, de brassage et, régulièrement, hop! un petit tour au jardin et on bidouille la terre.
À côté de notre parcelle, il y a Aïfa et Claudine. D’ailleurs elles sont là aujourd’hui ! Alors elles, elles entretiennent vraiment leur jardin, elles ont des roses magnifiques, ces roses rouges que l’on voit. Et bien sûr Hélène, que l’on connaissait avant et que l’on aime beaucoup (découvrez son portrait). Dans l’ensemble, on jardine plutôt des plantes méditerranéennes, du thym, une vigne, des mûriers qui poussent d’ailleurs très bien, des artichauts, de la bourrache. J’adore la bourrache, ça fait des fleurs violettes comestibles, au goût un peu iodé, un peu noisette.
© Clara Prat
Pour être honnête, je n’avais pas du tout l’habitude de jardiner, même si j’ai vécu à la campagne. Je suis complètement novice et autodidacte. J’ai acheté pas mal de livres sur la permaculture, mais entre lire et faire, c’est totalement différent ! La première année, on a planté des tomates mais tout a séché. Les enfants étaient petits, ce n’était pas aussi facile que maintenant à 7 et 9 ans. Et puis on a changé notre façon de jardiner. En mars dernier, j’ai acheté des plants très sympas et originaux auprès de l’équipe Mastoc et je suis contente parce que ce sont les seuls qui ont tenu depuis mon arrivée dans le jardin !
Ici, on n’est pas sur un jardin nourricier, dans le sens où on ne cultive pas vraiment de fruits ou légumes, même si on a un super co-jardinier qui nous donne plein de petits pois et de fèves que l’on se régale à manger. C’est surtout un jardin d’aromates et de fleurs, pour gratter dans la terre, s’amuser avec les enfants, voir comment poussent les fleurs. Pour les légumes, on préfère les paniers de l’AMAP ‘Entre Serre et Terre’, tous les mardis à la Friche.
© Clara Prat
Qu’est-ce qu’on a dans notre parcelle ? On a de l’Absinthe Cola, une plante assez jolie qui fait des fleurs jaunes aux mois de juin-juillet, on peut en faire de l’infusion et, quand on froisse les feuilles, ça sent vraiment le coca, c’est assez rigolo. J’ai planté aussi de la Sauge ananas, ça fait des fleurs rouges et ça sent très bon mais c’est un aromate mais qui n’a pas vraiment de goût. Il y a aussi un Géranium Rosa, qui fait des fleurs roses et qui est un répulsif à moustique. Les Capucines n’ont pas bien prises par contre…
On a aussi des plantes rigolotes : du Shiso, une plante asiatique que l’on peut utiliser dans des marinades ou ciselée dans de la salade, avec ce petit goût très rafraîchissant et poivré. Et des Physalis, qu’on appelle aussi les “amours en cage”, qui font des fruits oranges très bons.
Ce que j’aime le plus avec ce jardin, c’est d’apprendre, de mieux connaitre la saisonnalité des plantes, d’observer leur pousse, je trouve cela très gratifiant de voir les vivaces si bien, d’avoir su bien préparer la terre. Ce jardin a aussi un aspect pratique puisqu’on y amène notre compost personnel collecté pendant la semaine. Et puis surtout, il est un lieu préservé. Le terme pour décrire au mieux ce lieu, c’est l’îlot apaisé, où les enfants peuvent jouer en autonomie, comme au Couvent de la Belle de Mai. Pour moi ce sont des lieux nécessaires pour le quartier. Et ce qui est très agréable, c’est d’y retrouver à la fois des ami·es de l’extérieur et des ami·es du quartier. C’est l’endroit où tout le monde vient, de tout âge, un lieu de passage et un lieu de vie où on a plaisir à se retrouver.
© Clara Prat
Comment ça fonctionne ici ? Et bien, on signe une convention d’un an renouvelable *, avec la Friche, et à partir du moment où on participe aux temps collectifs, on peut continuer.
* Les conventions seront renouvelées en janvier 2025, si vous êtes intéressé·es contactez Ana à l’adresse astervinou@lafriche.org
Les abords du wagon-jeu ont bien changé, avec beaucoup de végétalisation ces dernières années. Maintenant j’ai hâte de voir se concrétiser les projets dont j’ai entendu parler, de micro-forêt, de désimperméabilisation des sols, parce que l’été il fait très chaud et on sait que la débitumisation réduit beaucoup les îlots de chaleur. »
« La première fois que je suis venu à la Friche, j’avais 11 ou 12 ans. Maintenant, j’en ai 19 et j’ai pratiquement grandi ici. C’est comme ma deuxième maison »
« La première fois que je suis venu au Gyptis c’était en 2021. Je suis cinéphile depuis mon enfance, avec l’histoire de mon grand-père paternel qui m’emmenait au cinéma dès le plus jeune âge. J’ai ces souvenirs qui ont perduré, et aujourd’hui, à 49 ans, ça se poursuit. »
« La première fois que je suis venu à la Friche, j’étais avec mes enfants, fin 2012, puis après il y a eu la capitale européenne de la culture, il y avait des stands au Centre Bourse, j’y suis allé avec mon CV et j’ai rencontré des gens qui recrutaient pour la cuisine, il y avait à ce moment-là beaucoup de mouvement à la Friche et iels cherchaient des gens, c’est comme ça que j’ai rencontré Marie-Jo pour un entretien aux Grandes Tables. »