En 2018, lors de la biennale internationale d’architecture de Venise, le pavillon français a été confié au collectif Encore Heureux architectes. L’exposition « Lieux infinis » y présentait 10 lieux pionniers qui en France explorent de nouveaux modes d’action et d’engagement face aux défis contemporains, parmi lesquels figurait la Friche la Belle de Mai.
Les lieux infinis sont des lieux pionniers qui explorent et expérimentent des processus collectifs pour habiter le monde et construire des communs. Des lieux ouverts, possibles, non-finis, qui instaurent des espaces de liberté où se cherchent des alternatives. Des lieux difficiles à définir car leur caractère principal est l’ouverture sur l’imprévu pour construire sans fin le possible à venir. Confrontés aux défis immenses de notre époque où les transitions écologiques peinent face à la domination de l’économie marchande, aux replis identitaires et à l’autoritarisme, il est urgent d’espérer. De s’inspirer d’expériences parfois éphémères mais concrètes et solidaires.
Encore Heureux présente ici un choix subjectif de dix lieux issus de rencontres. Ce ne sont pas des modèles mais des signaux faibles qui ouvrent des perspectives protéiformes et subversives. Ils existent par leur volonté d’expérimenter, presque toujours à partir d’un bâtiment hors d’usage, d’un site délaissé. L’architecture s’y exprime dans la rencontre entre des qualités spatiales préexistantes et un processus organique de transformation qui n’a de sens que s’il répond aux besoins de tous et aux désirs de ceux qui s’y engagent avec courage et détermination. Dans cet accompagnement spatial et temporel, l’architecte généraliste se révèle un guide nécessaire, aux frontières de la mission qui lui est traditionnellement attribuée: il ne se limite pas là à construire des bâtiments mais cherche également à faire des lieux.
Aujourd’hui plus que jamais, les architectes ne peuvent se dérober à la responsabilité du monde qui advient, et donc à la nécessité d’imaginer ce qui, demain, doit exister.
Encore heureux
Un film réalisé par Ronan Letourneur restitue la passionnante expérience collective menée en parallèle de l’exposition, avec l’association vénitienne Biennale Urbana et Yes We Camp.
Un film de Ronan Letourneur
Co-réalisé par Hadrien Basch, Karolina Blaszyk et Nicola Delon
Images et son : Karolina Blaszyk et Hadrien Basch
Montage : Ronan Letourneur assisté de Stéphane Milon
Montage son et mixage : François Gueurce
Étalonnage : Arnaud Gallinière
Musique originale : Collectif Etc
Production : Lieux infinis – Encore Heureux – École Urbaine de Lyon
En parallèle à l’exposition, Encore Heureux s’est associé à l’association vénitienne Biennale Urbana et à Yes We Camp pour poursuivre une expérience de réactivation d’un lieu abandonné. Sur l’île voisine du Lido, une ancienne caserne militaire a été réinvestie pour le projet collectif « Esperienza Pepe ». »
Face aux inondations et aux sécheresses à répétition, la Friche Belle de Mai s’apprête à accueillir une micro-forêt et des dispositifs de récupération d’eau de pluie à grande échelle. Fidèle à son ADN artistique, l’institution trentenaire prend soin d’adosser ces expérimentations à des actions socio-culturelles. Une voie pour faire entrer l’art et les citoyen·nes dans la fabrique de la ville.
Véritable laboratoire permanent, la Friche s’inscrit dans des démarches expérimentales qui viennent bousculer les habitudes et casser les codes de la production artistique. On y questionne les méthodes de production, leurs impacts environnementaux, les liens avec les différents publics, son ancrage territorial… Zoom sur le projet Future Divercities.
Fin novembre 2023, à l’occasion de l’événement #PLUS20, la Friche rassemblait une centaine d’habitant·es et d’acteur·ices locaux autour d’un exercice ludique : imaginer le futur de leur quartier à l’horizon 2043. Retour sur cet évènement et ses enjeux avec Pioche Magazine.