Bienvenue à la Friche
Aujourd'hui samedi 21 déc.

Ils·elles font la Friche

Hélène Froment

21 mars 2024
© Renaud Morin

La Friche est faite de gens qui la traversent. Cette saison, on vous fait les présentations. Derrière ces visages, découvrez l’histoire de celles et ceux que vous avez sûrement déjà croisé·es.

Ici, les gens vont, viennent et souvent reviennent. Au détour des Manufactures, du restaurant, de la place des quais ou du Champ de Mai, un échange, quelques questions et des bribes d’histoires de ce lieu aux mille vies.

Les interstices et secrets de la Friche ? Hélène les connaît par cœur. Curieuse, habitante du quartier, salariée et enfin sociétaire, les yeux rieurs et les idées d’Hélène n’en finissent pas de nous faire cogiter.

« La première fois que je suis venue à la Friche, je pense que c’est à la fin du siècle dernier, en 1997 ou 1998. J’étais venue pour le travail à Marseille et j’en ai profité pour passer à la Friche. Après, j’y suis revenue fin 2000. Il n’y avait pas grand monde. À l’époque, si tu venais comme ça, pas pour un événement, il n’y avait pas beaucoup de passage.

Découvrez le portrait vidéo d’Hélène

J’habite Marseille depuis plus d’une vingtaine d’années. Je ne vis pas très loin de la Friche. Le fait que la Friche soit présente est aussi une des raisons pour lesquelles je me suis installée ici.

J’ai des souvenirs de plein d’événements, entre autres quand il y avait eu une soirée avec les Gnawas marocains, là ça avait été génial ! J’étais rentrée avec une jeune fille qui n’était pas très tranquille de faire le trajet toute seule, moi j’habitais la plaine à l’époque et on était rentrées toutes les deux. J’ai des souvenirs comme ça. Des souvenirs du toit-terrasse aussi avant que ce soit le toit-terrasse. C’était l’époque avant toute la réhabilitation.

Ma relation avec la Friche, on peut dire qu’elle s’est modifiée grâce à Claude. C’est vrai que c’était quelqu’un. On s’est rencontrées dans le quartier, pas à la Friche. Et puis après il y avait les rendez-vous du lundi, avec le marché etc…

Plus tard, Claude a commencé aussi à venir pour nous dire « devenez sociétaires ! »

Elle m’a convaincue d’une certaine façon, en disant que c’était important qu’il y ait des gens comme nous, des habitant·es du quartier. La relation que Claude avait avec la Friche était très intéressante parce qu’elle était dedans et dehors. Moi j’aimais bien ça. Pour ma part j’ai aussi travaillé à la Friche en 2012-2013 avec Brigitte Cirla, de Voix Polyphoniques, qui était résidente.

La fête des 30 ans a aussi été un grand moment. Ça a été une belle réussite et je suis heureuse d’y avoir participé. J’ai vu un mélange de genres et j’ai retrouvé des gens que je n’avais pas vus depuis la nuit des temps. J’en garde un super souvenir. D’ailleurs, Claude était là.

« C’était important qu’il y ait des gens comme nous, des habitant·es du quartier. »

Si je devais choisir mon endroit préféré ici ? Je pense que j’aime bien la cour Jobin. Et puis après, j’aurais du mal à dire, il y a plein d’endroits. J’adore La Salle des machines, la librairie, et aussi les salles d’expo. J’adore là haut le toit-terrasse, mais en même temps, j’adore aussi la Place des quais.

Puis, comme ça a changé ! Quand nous sommes arrivées à la Belle de Mai c’était quand même pas très vert. Les changements datent de 2013 avec la création du Jardin des rails. On respire plus, ça fait du bien.

Au premier apéro des voisin·es sur le Champ de Mai, il y a plusieurs femmes avec qui j’ai parlé, qui me disaient que c’était bien aussi qu’il y ait de l’espace libre, je le ressens aussi. Dans la conception de la ville, tout est resserré, on est dans un construit urbain avec souvent des petites rues, et là on voit le ciel, on est dehors et ça c’est bien. C’est important, c’est un espace de respiration.

Vue sur la Belle de Mai © IGO Studio

Si je devais décrire la Friche en mots, je dirais d’abord qu’elle est « en mouvement ». Mais je vais aussi dire le contraire, le côté institutionnel. C’est une contradiction entre le mouvement et l’institution, le côté monolithique, bloc. Et enfin je dirais « rencontre ». Je trouve que c’est un lieu de rencontre. Demain par exemple, je vais déjeuner avec une femme que j’ai rencontré à un LaboFriche.

La Friche, je ne la recommanderais pas forcément à tout le monde. Les gens y vont finalement pour des raisons très différentes. Ce qui est intéressant c’est cette diversité qu’il peut y avoir et qui n’est pas forcément liée à l’art ou à la culture. C’est aussi les jardins, les jeunes avec le playground… c’est ça qui est intéressant, c’est cette diversité d’approche. Et en même temps c’est pas non plus la Samaritaine, « on trouve tout et on est content ». On est pas obligé de dépenser du pognon.

Ce que je défendrais c’est que la Friche reste un endroit où on peut faire plein de choses même si on a pas beaucoup de moyens et que ça reste un endroit ouvert. »

Voisine, amie, public fidèle, militante de terrain, elle avait à cœur de porter un regard, une pensée et un discours politique affirmé. Claude Chapiro Renard nous a quitté·es le 1er novembre 2023 🖤

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