Depuis juin 2023, la Friche est de retour dans le réseau historique Trans Europe Halles. Au mois d’octobre, la Friche a rencontré ses pair·es à Chypre, accueillie par le NiMac – Nicosia Municipal Arts Center, membre du groupe de travail lancé par le réseau, pour échanger sur les enjeux que rencontrent les lieux hybrides de Méditerranée.
Trans Europe Halles est l’un des réseaux culturels les plus anciens en Europe. Créé en 1983, il met en lien les acteur·ices de régénération de bâtiments abandonnés à des fins artistiques, culturelles et militantes. À travers sa participation à ce réseau, la Friche partage son expérience de 30 ans, propose des espaces laboratoires pour des initiatives nouvelles et collectives dans ses réflexions autour des transitions.
Dans le contexte géo politique actuel, plus que jamais, nous croyons à l’importance de participer à une coopération active avec les pays de la Méditerranée, porter la voix du secteur culturel et des artistes pour contribuer à un futur désirable.
Lors de ce rendez-vous, un plaidoyer en lien avec la situation actuelle en Palestine et en Israël a été rédigé par les différents partenaires, le voici ci-dessous :
Nicosie, vendredi 21 octobre 2023,
« Nous sommes un groupe de membres, d’associé·es, de partenaires de Trans Europe Halles ainsi que son Directeur Général et Coordinateur du Hub Méditerranéen réuni·es à Nicosie, Chypre cette semaine du 21 octobre 2023, pour lancer le Hub Méditerranéen du réseau.
Nous venons de Chypre, du Liban, d’Italie, de Malte, de Syrie, de France, du Maroc et d’Albanie.
Nous souhaitons depuis longtemps collaborer, par le biais des arts et de la culture, dans cette région remarquable du monde où nous vivons et travaillons, qui a été le berceau de tant de cultures et de civilisations, de mythes, de tragédies et d’échanges continus.
Nicosie est une ville qui porte la cicatrice de l’absurdité de l’histoire politique. Ici, l’Union européenne s’arrête en plein milieu de la vieille ville, divisée en deux. La frontière est constituée d’une clôture de barbelés et d’une zone tampon patrouillée par l’ONU, que l’on ne peut franchir que par quelques points de contrôle.
Alors que nous sommes réuni·es ici, nous, Méditerranéen·nes, pensons et parlons de la terrible tragédie humaine qui se déroule sous nos yeux, à quelques kilomètres d’ici, en Palestine et en Israël.
En tant que praticien·nes de la culture, nous savons que les cultures n’existent qu’en relation les unes avec les autres. Nous en faisons l’expérience tous les jours. Et ce que nous appelons Culture n’est rien d’autre qu’une capacité fluide à construire de nouveaux vocabulaires, à tisser des communautés ensemble, à générer des sociétés au-delà des frontières, des divisions et des nations.
En tant que praticien·nes de la culture, nous croyons en la résolution des conflits par la pleine reconnaissance de l’autre, par le dialogue, la vérité, la réparation et la réconciliation.
Nous sommes fatigué·es de condamner l’évidence, le meurtre, la destruction, la brutalité.
Nous reconnaissons que les tensions font partie de chacun·e d’entre nous, qu’elles existent entre nous toustes. Mais nous croyons que ce qui fait de nous une communauté humaine, c’est notre capacité à reconnaître et à surmonter ces tensions, et à refuser complètement la violence. Nous croyons en une communauté humaine au-delà des frontières et des nations.
En tant qu’acteur·ices de la culture, nous créons des espaces pour nos cultures associées, des espaces publics où nos histoires et notre histoire communes peuvent coexister.
Nous autodéterminons des espaces pour le dialogue et la résolution des tensions, pour rassembler différentes visions de la manière d’habiter le même espace, la même terre.
Face à la crise de la démocratie, face à la crise climatique et face aux guerres, notre travail ici et maintenant est d’affirmer que le bien-être culturel est un processus de guérison.
Nos vies sont traversées et divisées par de puissants conflits et lignes de tension, mais notre responsabilité ici et maintenant n’est pas de les alimenter mais de créer des espaces de dialogue plus partagés, en particulier là où ils sont les plus difficiles à ouvrir.
Et pour préserver ces espaces, il est urgent de décoloniser, de dénationaliser, de déterritorialiser et de désindividualiser nos esprits. »
UNE DÉCLARATION RÉDIGÉE ET SIGNÉE PAR :
NIMAC, Nicosie, Chypre
Lo Stato dei Luoghi, Italie
Association des arts de Tyr, Tyr, Liban
Anima, Marrakech, Maroc
Friche la Belle de Mai, Marseille, France
Fondation Gabriel Caruana, Malte
Bloom, Mezzago, Italie
Associazione Oltre, Bologne, Italie