Pénélope de l’Odyssée tisse et défait sans cesse le linceul de son beau père. Elle travaille jour et nuit sur la question de la mort et de la vie. Sur ce fil, qui ne finit pas l’ouvrage, se déposent les questions les plus profondes sur le temps et l’humanité. En inventant cette ruse, Pénélope arrête le temps, arrive à vivre avec l’attente et réussit à garder sa place et celle d’Ulysse intactes. Comme un meuble vivant immuable, elle rayonne tel un phare signalant l’endroit fixe – le cap du retour.
La Pénélope de la compagnie La Main d’Œuvres se tient en équilibre entre ce qui a été et ce qui est. L’installation met en place un parcours sur le plan d’une maison tracé au sol. Sur ce plan sont placées 21 maquettes de meubles en miniature et devant chaque meuble est posée la figure d’une femme minuscule. Tous ses meubles, complices des interminables heures d’attente de Pénélope, deviennent des tremplins à l’imaginaire – des métaphores de projets de départ ou des constats d’enracinement obsessionnel. Elle prêche pour le grand voyage tout en restant sur place. Elle défend le mouvement par son immobilité. Elle tisse ses pensées – bobines d’une mythologie intime – sur une toile où figure le plan de sa maison, carte géographique des ses émotions.