Le Souper

Une sculpturale tenture verte, un jeu de lumière habité, quelques textures sonores, et du ventriloquisme : c’est tout ce dont Julia Perazzini a besoin pour établir un dialogue avec l’au-delà. 

Dans ce monde parallèle, il y a son frère aîné, décédé avant qu’elle ne naisse, avec lequel l’artiste entre en contact par la scène – et en sollicitant cette petite part d’irrationnel qu’elle entend réveiller en nous. Loin de la morgue solennelle qui colle à ce type d’exercice, ce Souper est suspendu entre humour et étrangeté, complicité et surnaturel, dans un espace imaginaire, hanté, mais bizarrement confortable.

Au fil de cette rencontre avec un absent fantasmé, l’histoire personnelle bascule dans des interrogations métaphysiques, la tendresse frôle la peur, le temps se disloque, et les morts conseillent les vivants. « Ici les gens disent qu’il faut laisser les morts en paix, ils se reposent. T’en penses quoi ? » demande-t-elle à son ami d’outremonde. C’est bien ce repos que la comédienne et performeuse suisse entreprend de troubler – avec la distance, le décalage et la sensibilité qui caractérisent tous ses solos.