Bienvenue à la Friche
Aujourd'hui dimanche 22 déc.
« J’écris parce que j’ai quelque chose à dire », ainsi commence ce récit anonyme écrit en 1953, La scierie, témoignage d’un jeune homme sur la dureté des conditions de travail dans le monde ouvrier.
Issu d’un milieu bourgeois, le narrateur décide d’employer comme il le peut le temps qui le sépare de l’appel sous les drapeaux, en s’occupant en premier lieu de sa force , « Je sais que je suis fort. Je vais essayer de travailler avec ma force, mais que faire ? » Dans son pays, les bords de Loire, le travail de la terre est roi. Très peu pour lui , « Les paysans me font chier avec leurs plaintes et leurs gros sous qu’ils cachent comme des salauds. » Quatre jours de recherche « Puis un beau matin, j’arrive dans une toute petite scierie. »
Deux ans durant, à toute saison, il est debout à six heures du matin, fait les kilomètres qui le séparent de son lieu de travail à vélo et ne revient que le soir déjà bien tombé. Entre son lever et son coucher, un travail à la chaîne cassant, harassant, abrutissant et risqué l’occupe. Il raconte les cadences de production intensives, la voracité des machines, les coups bas et les petites haines entre employés. Exténué par la souffrance du corps, rongé par la méchanceté ouvrière, il décrit comment, par la force des choses, cette expérience de forçat l’a rendu dur et cruel. Julie Kretzschmar adapte ce texte brut et limpide qui rend compte de ce qu’est le travail, ce qu’il forme et déforme au plus profond de chaque être.
Lu par Thomas Gonzalez, acteur complice de longue date, beaucoup vu ces dernières saisons sur les plateaux notamment dirigé par Stanislas Nordey. Elle travaille avec Nicolas Gerber une scénographie vidéo et une composition sonore qui prolonge en direct la langue portée au plateau par l’acteur.