Bienvenue à la Friche
Aujourd'hui dimanche 22 déc.
S’il fallait refaire le monde, il commencerait par l’Afrique, tel est le projet poétique de La clairière du grand n’importe quoi, le nouveau récit d‘Alain Béhar. Une Afrique toute en imagination pour celui qui n’y est jamais allé.
Après un retour remarqué au plateau dans Les Vagabondes, il nous livre une palabre géante à l’ombre d’un arbre depuis longtemps disparu, adossé au vide, les yeux éblouis par la lumière crue d’un monde en plein suicide. Catastrophes à répétition, désastres écologiques, conflits en chaîne, migrations incontrôlables, zizanie, le climat se venge, nous sommes en 2043. Pour tenter d’absorber l’eau des inondations, des hélicoptères y larguent « des tonnes et des tonnes d’argent sale, de serpillères, de buvards, d’éponges et de poudre de lait en sachet ».
Les figures de La Clairière du Grand n’importe quoi sont des brins de paille emportés dans une tourmente sans fin, un mouvement d’aspiration total. Alices perdues dans un pays du pire, absurde et inquiétant, elles dribblent entre les péripéties, jouent au sauve-qui-peut, cherchent la sortie, une porte, un vaisseau spatial, n’importe quoi. Ne trouvent qu’une improbable clairière, un origami géant, arche de papier posée comme une semence au coeur du plus grand désert du monde, pour repartir de zéro.