Knight-Night

En faisant écho à notre rapport quotidien aux réalités virtuelles, des fantômes de Don Quichotte se dessinent comme des points d’entrée pour questionner à la fois désir et espoir.

« Fantôme dans la vie, réel dans la mort », disait de Don Quichotte le compositeur Jacques Imbert qui lui consacra une pièce. C’est cet état liminal, entre récit et réalité, spectre et présence concrète, qu’entendent explorer les danseurs Bryana Fritz et Thibault Lac dans leur création mêlant danse et poésie.

Le personnage de Cervantes y apparaît par touches, tout comme se devine le motif du chevalier et une toile de fond médiévale, autant de points de repères floutés entre lesquels le duo fait des allers-retours. Une armure ici, une côte de maille par-là, un laptop dans l’obscurité – le duo fonctionne par bribes, et laisse la scène et les regards public faire le reste. Des références mythologiques flottent dans cet espace scénique tout juste esquissé, où l’enveloppe sonore (une création dense mêlant hiphop et déformations synthétiques) fournit les éléments dramaturgiques les plus tangibles.

Au gré d’apparitions soudaines ou de petits crépuscules, à petits pas sur le bord le plus fragile de la performance, le tandem compose une mosaïque elliptique où l’histoire met le genre en perspective.