Au XIVe siècle, « exposer » pouvait signifier « abandonner dans un lieu écarté ou désert », un enfant principalement. C’est aussi, l’acte de montrer.
Cohabitent donc dans ce terme deux sens qui s’opposent, donner à voir et dissimuler. Pourtant, à y regarder de près, pour ce qui concerne l’œuvre d’art, cette contradiction n’a rien d’absurde. Elle ne dit ni ne montre tout. Le geste de l’artiste est menée (par le bout du nez) par le pinceau du désir. Celui-ci, quelque soit le médium (peinture, vidéo, marbre…) qu’il emprunte, est toujours un passager clandestin. On ne l’a pas sonné. Le désir s’invite. C’est pourquoi il fait désordre. Ce qui n’est pas pour nous déplaire puisque nous sommes faits de la même étoffe.
Exposer , c’est aussi « mettre en danger ». Sur le champ de bataille de la salle d’exposition, l’œuvre et le spectateur sont sur un pied d’égalité. L’un et l’autre sont susceptibles d’être tiré à vue, perdre de leur prestance, se vider de leurs hautaines certitudes, s’affaisser depuis le socle de leur statut. L’art n’est pas une affaire de spécialistes. Il n’a besoin que d’amants, c’est-à-dire des amateurs passionnés. Le maitre d’œuvre, c’est le désir.
On raconte que Balzac, qui n’était pas assez riche pour acquérir un tableau de Maitre, se contentait d’écrire au charbon, dans sa maison de Ville-d’Avray, dans des cadres vides, « Ici un superbe Raphaël », « A cette place mon beau Giorgione »…
Bon à savoir :
14h – Salle des Machines et Tour 3e étage : Visite en présence des commissaires d’exposition Samuel Bester, Marc Mercier et des artistes présents