Bienvenue à la Friche
Aujourd'hui dimanche 22 déc.
Le samedi 1er juin à 14h à 15h30
Le samedi 1er juin à 14h à 15h30
Gratuit
«La peinture ou la scène ?»
L’hésitation taraude Schlemmer : le 14 juillet 1925, dans une lettre à sa femme Tut, il évoque cette schizophrénie créatrice, source abondante d’idées dans les deux domaines, mis en communication.
Quelques jours plus tard, il fait dire à l’un de ses personnages du Ballet triadique : «Je dois réussir en peinture comme au théâtre l’oeuvre d’art totale (synthétique).»
Schlemmer a du reste un parcours composite. Formé à la peinture, il intègre d’abord le Bauhaus comme maître de forme de l’atelier de peinture murale (1920-1922), puis de sculpture (1922-1925) et de dessin de nu (1922-1929) et enfin de théâtre (1923-1929). Au sein du groupe de théâtre dont Oskar Schlemmer assure la direction au Baubaus suite au départ de Lothar Schreyer en 1923, se croisent et se mêlent des histoires, des pratiques et des horizons qui convergent vers la réalisations d’objets esthétiques singuliers.
La façon dont les artistes aujourd’hui envisagent l’intersection, ou les intersections, entre l’innovation (esthétique, économique, idéologique, pédagogique), l’action contestataire, et leur diffusion dans les sociétés, paraît matricielle de leur compréhension du, et de leur envie d’agir sur, le fonctionnement de la démocratie elle-même, entendue comme le partage de formes esthétiques.
Cent ans plus tard, plus qu’une synthèse des arts, c’est un franchissement des frontières disciplinaires qui semble préoccuper la scène contemporaine au travers de l’omniprésence du vocable transdisciplinaire. Quels sont les ressorts de ce glissement ? Quelles significations recouvre-t-il ? Quelle est sa résonnance avec les fondements du Bauhaus ? Pour quelles nouvelles formes de transgression ?
Au travers d’échanges entre praticien·nes de disciplines différentes, échanges accompagnés de films témoignant des croisements et des va et vient entre l’architecture, la scène, l’exposition, l’urbanisme, et les pratiques sociales et politiques, les conférences viseront à donner un éclairage autant sur la généalogie bauhausienne de la notion de transdisciplinarité qu’à en dessiner les possibles actuels.
Joëlle Zask enseigne à l’université de Provence, où elle occupe une chaire de philosophie politique. Traductrice des oeuvres de John Dewey, sa recherche porte sur la compréhension actuelle des problèmes politiques dans un univers incertain et les conditions culturelles de nos représentations politiques.
Les artistes Lyllie Rouvière et Julian Weber présenteront une sélection de leurs travaux chorégraphiques à l’intersection des arts plastiques, de l’architecture et de la danse. Ils reviendront sur leur récente collaboration ainsi que sur leurs processus de création et de transdisciplinarité, où l’école du Bauhaus comme les junkspaces de Rem Koolhaas continuent d’exercer une influence au sein de leurs dispositifs.
Julian Weber est chorégraphe, danseur et artiste plasticien. Il a étudié la sculpture à l’Université des Arts de Braunschweig et à l’Académie de Vienne, ainsi que la danse et la chorégraphie à la HZT Berlin et à la Theaterschool d’Amsterdam. Ses recherches portent sur les espaces d’interaction entre corps, matériaux et mouvements. Il a collaboré avec de nombreux artistes comme Meg Stuart, Boris Charmatz et Tino Sehgal et développe une pratique spécifique à l’intersection des arts visuels et de la performance. Récemment, il a scénographié plusieurs projets en collaboration avec les artistes Jeremy Wade, Lyllie Rouvière et le collectif suddenly.
Son travail « the tourist » a été récompensé par le Berlin Art Prize en 2015. Il vit et travaille principalement à Berlin.
Lyllie Rouvière est chorégraphe-architecte et danseuse. Elle est diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure d’architecture de Paris-La-Villette. Elle a étudié la danse et la chorégraphie à la HZT Berlin, aux ateliers Carolyn Carlson à Paris et au Conservatoire de Montpellier. Elle partage son travail entre collaborations et projets personnels qui mettent en place un dialogue étroit entre corps et spatialités. Elle collabore notamment avec Doris Uhlich, Julian Weber et le collectif suddenly. Ses pièces ont été présentées en France (Festival Artdanthé, Mains d’œuvres, La Loge) en Allemagne (Performing Arts Festival Berlin, Radialsystem V, Deutsches Architektur Zentrum…) ainsi qu’en Iran (Invisible Centre of Contemporary Dance).
Elle vit et travaille principalement à Berlin.
PÉROU (pôle d’exploration des ressources urbaines) est un laboratoire de recherche-action conçu pour faire s’articuler action sociale et action architecturale avec les habitant•e•s de la périphérie et des nouvelles formes de ville. Ils expérimentent de nouvelles tactiques urbaines – nécessitant le renouvellement des techniques comme des imaginaires – afin de fabriquer l’hospitalité. Traduites en actions concrètes dans les bidonvilles franciliens ou les camps de Calais, leurs déclarations d’hospitalité ont également été montrées à la Biennale de Venise et au FRAC Centre.
Pour cette conversation, nous leur proposons de mettre en regard leur propos et leur pratique et une séquence filmique issue de la documentation de leur travail et/ou des formes transdisciplinaires contemporaines qui le nourrissent.