Dans le cadre de l’exposition Bleu, Blanc, Rouge. Quand l’art travaille l’école, Florence Lloret évoque son travail mené au sein d’un lycée professionnel à Marseille dans lequel elle a été en résidence durant deux ans.
Bienvenue à la Friche
Aujourd'hui vendredi 22 nov.
Georges Appaix est né en 1953. Ingénieur, saxophoniste, danseur, chorégraphe, il est un de ces artistes au parcours singulier qui n’ont pas souhaité faire carrière…Passionné de littérature, ses chorégraphies privilégient la langue comme moteur rythmique où se mêlent humour et poésie.
Installé à la Friche depuis 1993, Georges Appaix lui a fait ses adieux le 3 septembre 2020 ; l’occasion de revenir sur la relation entre l’artiste chorégraphe et ce qui a été son lieu de travail pendant 30 ans.
Comment es-tu arrivé à la Friche ?
Georges Appaix : J’avais fondé la compagnie [La Liseuse] à Paris en 1984, et j’ai décidé de revenir vivre à Marseille à la naissance de mon premier enfant. J’étais en contact permanent avec Madeleine Chiche et Bernard Misrachi du Groupe Dunes [anciens résidents de la Friche], qui m’encourageaient dans ce sens. Ils m’ont conseillé de rencontrer Philippe Foulquié [ancien président de la Friche], avec lequel un dîner s’est organisé. J’avais fait une résidence dans la première friche du boulevard Magallon et il m’a très vite proposé de m’installer à la Friche la Belle de Mai. J’ai pu le faire dans un studio partiellement financé par le ministère de la Culture en 1993 comme résident permanent. Ce studio a été démoli lorsqu’il y a eu les travaux d’élargissement des voies ferrées liés à l’arrivée du TGV.
Quels souvenirs as-tu de tes premiers pas dans les friches de Magallon puis de Jobin ?
Georges Appaix : Difficile. Sympathique. Inconfortable. Froid. Compliqué. Précaire. Nous avons essuyé les plâtres. Les friches étaient des lieux immenses avec peu de moyens. En même temps, avoir un studio à soi en 1993 c’était merveilleux. À Paris, pendant dix ans, j’étais allé de studio en studio et je répétais souvent à l’extérieur. Ces conditions de travail étaient difficiles. En arrivant à la Friche, avoir un studio était un luxe…
Qu’est-ce qu’était ce studio ?
Georges Appaix : Un très grand lieu, avec deux poteaux, pas vraiment conforme à l’idée d’un studio de danse, mais qui lui donnait plus un caractère qu’une contrainte. On avait des bureaux et des loges configurés avec les décors de Basta !, que nous avions créé au Théâtre des Bernardines. Il y avait ce plateau en contreplaqué, avec en bordure quelques fauteuils de cinéma. C’étaient des conditions de travail formidables par rapport à ce que j’avais connu, mais j’étais impatient et tout était long, compliqué, car les conditions de réalisation étaient dures. J’avais la chance à l’époque d’être programmé dans des théâtres du réseau national qui avaient les moyens de m’accueillir dans des conditions adaptées et avec des techniciens professionnels. Ici, les gens étaient en insertion. Ils n’étaient pas assez nombreux, même s’ils ne manquaient pas d’enthousiasme. Jérôme Calabrèse, qui avait la place du directeur technique, était débordé par la gestion de 40 000 m2 et la tenue déjà de nombreux spectacles, expositions ou concerts.
À quoi sert un lieu de travail ?
Georges Appaix : Quelqu’un comme moi a un rendement faible dans un studio de répétition ou sur le plateau d’un théâtre lors de la préparation des spectacles. J’aime passer de longues heures dans un studio jusqu’à sentir quelque chose apparaître. Quand on a un lieu à sa disposition, on a le luxe du temps. On peut se permettre d’en perdre mais on sait qu’il va se passer quelque chose. On laisse ses chaussettes, ses feuilles de papier, ses livres… On est chez soi. À Paris, c’était deux heures de studio au centre américain de temps en temps, et tout à l’avenant. Il fallait se débrouiller pour créer des spectacles. Cette contrainte de productivité rend la création très compliquée. Je me rapproche beaucoup en cela des plasticiens. Quand on visite un atelier d’artiste, le lieu est imprégné du travail qui s’y fait.
Comment parlerais-tu de ton travail de chorégraphe à la Friche ?
Georges Appaix : Je suis un alphabet dans les titres de mes spectacles et j’en étais à la lettre D quand je me suis installé à la Friche. J’en suis à la lettre W…Ça sent le sapin…
À moins que tu n’inventes la suite de l’alphabet !
J’ai même redoublé des lettres pour durer ! En fait, après le théâtre Toursky et le théâtre des Bernardines, j’ai aussi beaucoup joué ici avec la production de Marseille Objectif Danse. Heureusement que Josette Pisani [directrice de Marseille Objectif Danse – structure résidente de la Friche] m’a accompagné.
Un souvenir ?
Georges Appaix : L’inauguration du premier studio ! En 1994, quelques solos et duos et surtout une liaison avec Philippe Foulquié en « CU-SeeMe », avec une connexion révolutionnaire par Internet. Une des premières connexions ! Les spectacles du Groupe Dunes dans les espaces vierges de la Friche, la Cartonnerie, et bien sûr le Toit-terrasse… Les concerts de l’AMI dans le restaurant de l’îlot 1… Je pense aussi à la Flash Mob en 2013, aux Grandes Tables pendant l’année capitale, avec Marie-Josée Ordener, Armand Arnal et les équipes. Je me suis surpris à faire cela, car il faut beaucoup lâcher, écrire dans un tout autre mode que le mien. Et puis il y a eu les 30 ans de la compagnie dans le studio…
Tu imagines une retraite de la Friche ?
Georges Appaix : Oui. Une conséquence d’une retraite du travail. Peut-être une situation intermédiaire dans laquelle j’arrêterais la compagnie tout en continuant à intervenir… Je pourrais garder mon rond de serviette, j’aime bien voir Philippe et Nicole venir manger la pizza le lundi soir…
Dans le cadre de l’exposition Bleu, Blanc, Rouge. Quand l’art travaille l’école, Florence Lloret évoque son travail mené au sein d’un lycée professionnel à Marseille dans lequel elle a été en résidence durant deux ans.
Dans cette courte vidéo, Arnaud Théval évoque son travail photographique intitulé Les bleus des lycéens dans le cadre de l’exposition de Lieux Fictifs : Bleu, Blanc, Rouge. Quand l’art travaille l’école.
Dans le cadre de l’exposition Bleu, Blanc, Rouge, quand l’art travaille l’école, le philosophe Alain Kerlan présente les travaux de Florence Lloret et Arnaud Théval et les questions qui en émergent.