Un théâtre musical qui explore l’univers vocal sous toutes ses formes et revisite le mythe d’Hercule. +
Bienvenue à la Friche
Aujourd'hui mercredi 15 jan.
Du 15 au 18 mai à 19h30
Du 15 au 18 mai à 19h30
Entrée gratuite, réservation par mail à reservation.lecoupfantome@gmail.com ou par téléphone auprès de la billetterie de la Friche au 04 95 04 95 95
Franck Dimech, en collaboration avec Arnaud Maïsetti, met en scène les étudiants de la section théâtre de l’Université d’Aix-Marseille, à partir des écrits (journaux, lettres, articles…) de Bernard-Marie Koltès.
« Dans La fureur de vaincre, on a filmé un enchaînement de katas par Bruce Lee au ralenti. Il paraît que ce n’est pas pour le goût de l’effet, mais uniquement parce que Bruce était capable de donner un coup à une telle vitesse que la caméra n’avait pas le temps de l’enregistrer. Même histoire en ce qui concerne Mohamed Ali, dont on a accusé souvent les combats d’être truqués : son adversaire s’allongeait brusquement sur le sol sans que personne n’ait rien vu, pas même la caméra ; on raconte que le coup existait bel et bien, mais si rapide que personne n’avait pas le temps de rien voir. Truqué ou pas, fantôme ou non, c’est quand même le meilleur et le plus martial coup qu’on ait inventé. »
Bernard-Marie Koltès, « Out », in Prologue (Minuit, 1991) p 118.
Le théâtre de Bernard-Marie Koltès – emporté il y a 30 ans tout juste, à 41 ans –, se joue peut-être comme s’est jouée sa vie, ailleurs. « Il faudrait être ailleurs », c’est ce que répète l’un de ses personnages, « ici, je n’arrive pas à te dire ce que je dois te dire ».
Dans ces ailleurs – ses voyages, au delta du Niger comme dans les nuits de Harlem, des rives d’un lac maya ou au cœur brûlant de Barbès, Salvador de Bahia et toutes les Babylones rêvées, dans la musique reggae et les films de kung-fu –, l’auteur puisa les récits et la force d’écrire, les colères d’ici, tous les désirs. Ailleurs, ce n’est pas le refuge où s’abriter loin du monde, mais les marges qui sont autant d’appui pour l’affronter, le provoquer comme on provoque un adversaire.
Ailleurs, loin du théâtre, dans des récits énigmatiques et marginaux, des lettres ou des entretiens, un film ou un roman, s’est joué aussi dans le champ de l’écriture ce qui l’a secrètement permis. La prose ou la blessure secrète de l’œuvre ?
Mettre sur la table tout ce qui n’est pas le théâtre de Bernard-Marie Koltès – La fuite à cheval très loin dans la ville (roman, 1975), Prologue (roman inachevé, 1986), Lettres (1950-1989) ; Une part de ma vie (entretiens, 1983-1989), mais aussi quelques entretiens radiophoniques, photographies, documents-vidéos de l’auteur dont nous avons disposons – des images fantômes – pour fabriquer non pas un hommage, mais une question, un outil pour le monde.
Ce serait de ce projet le désir en miroir : affronter l’œuvre comme un danseur de Capoeira : avec la distance qu’ont infligé les années, et la brûlure qu’elle a laissée.
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