Une plongée sur deux étages dans le travail créatif d’une trentaine d’artistes issu·es de l'île de La Réunion. +
Bienvenue à la Friche
Aujourd'hui dimanche 24 nov.
Langages et imaginaires artistiques des Outre-mer.
Conçues avec le concours d’un comité scientifique international, ces rencontres professionnelles composées de quatre tables rondes, offriront une polyphonie de voix, langages et imaginaires d’artistes, de poètes, d’opérateur·ices culturel·les et chercheur·euses de la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique, Mayotte, la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française et La Réunion. Ensemble, iels ouvrageront un espace de discussion libre et organique, évoquant les multiples réalités et enjeux des arts visuels au sein de ces territoires éloignés les uns des autres comme de la France hexagonale.
Peut-on parler de spécificités concernant les arts visuels ultramarins ? Quels héritages et sédiments ont construit leurs récits et mouvements artistiques ? Comment les pensées et gestes séculaires se transmettent-ils pour nourrir des pratiques à rebours des catégories disciplinaires et des hiérarchies ? Comment le sensible s’y partage pour créer du commun au-delà des limites géopolitiques ?
Héritier·es de l’art de l’oralité, des passeur·euses feront glisser les paroles et ricocher les pensées pour creuser en nuances le sillon des réflexions collectives. Les récits d’expériences, de projets et de traversées artistiques interrogeront différents modes possibles de relation à l’art, où complexité rime avec fécondité.
* titre de la troisième table-ronde choisi par Emmelyne Octavie en écho à la citation « La petitesse est un état d’esprit » de Epeli Hau’ofa, fondateur du Centre pour les arts et la culture à l’université du pacifique sud à Suva, Fidji.
COMITÉ SCIENTIFIQUE :
Mathieu Kleyebe Abonnenc, artiste
Gaëtan Deso, commissaire indépendant spécialisé sur les arts du Pacifique
Eline Gourgues et Eléna Arnoux, responsables de la Station Culturelle-Martinique
Diana Madeleine, historienne de l’art
Olivier Marboeuf, auteur-conteur, commissaire d’exposition et producteur de cinéma
Cynthia Phibel, artiste et ingénieure de projet culturel
Dénètem Touam Bona, philosophe et artiste – Grand témoin des rencontres professionnelles
Ces journées professionnelles, conçues en complicité avec le Réseau document d’artistes, reçoivent le soutien du ministère de la Culture et du ministère de l’Intérieur et des Outre-mer dans le cadre du Pacte en faveur des artistes et de la culture ultramarine.
PROGRAMME DES TABLES RONDES
VENDREDI 2 FÉVRIER
Cette table ronde a pour ambition de tenter de poser des mots sans enfermer, sur ce qui fonde les spécificités des arts-visuels dans les Outre-mer. Il s’agira de mettre en avant ce qui fait commun et ce qui lie.
Passeuse : Simone Lagrand, paroleuse
Intervenant·es :
Territoires : Réunion / Martinique / Suriname
« Tous les jours, la parole fait son chemin en nous, par nous et pour nous. Une parole-maintenant, maintenue dans un devoir d’expression quotidien. Sait-on seulement ce qu’est devenue la parole qui la précédait ? Celle qui l’a portée comme on porte un enfant. La première parole, où est-elle passée ?
En faisant œuvre, les artistes le côtoient peut-être, ce premier mot matrice de l’écoute. Et quand ces artistes sont d’une autre France, d’une autre mer, d’une outre-mer ? Quand leur écriture fait basculer la géographie d’un revers de main, parce que leur grammaire revisite ce que c’est qu’être d’ailleurs ? Quand il ne s’agit pas que d’une affaire d’île vue par des yeux bleus, sujet d’un projet exercé depuis longtemps ? Alors, c’est un dépaysement incommodant qui s’organise. Car le lieu fait et défait l’humain. Il l’ancre et l’enferme. Devenant incontournable et désir de détour. Ainsi la langue qu’habite l’artiste visuel·le interroge son lieu et le redéfinit en lui prouvant qu’il n’est pas figé. Qui est donc l’artiste d’Outre-mer ? Loin d’être un monolithe, l’art lianné hors de la France tempérée, est un champ de mémoires enfouies et d’histoires en fugue.»
Simone Lagrand
Cette table ronde est axée sur les histoires des arts des territoires ultramarins : à partir de quels sédiments se sont construits les récits et les mouvements artistiques de ces territoires ? Comment les transgénérations artistiques s’y tissent et conjuguent du sens ?
Passeuse : Christelle Lozère, maître de conférences HDR en histoire de l’art à l’Université des Antilles et critique d’art
Intervenant·es :
Territoires : Martinique / Réunion / Guyane
« En 2019, l’exposition Le Modèle noir au Musée d’Orsay à Paris a questionné pour la première fois en France hexagonale et depuis les Antilles la représentation des Noir·es dans l’histoire de l’art européen soulevant des problématiques esthétiques, politiques, sociales et raciales dans des approches multidisciplinaires. Cet évènement majeur, porté depuis les États-Unis a conduit à une succession de « moments » ouvrant la voie à une recherche scientifique qui se pense désormais plus globale, décentrée et inclusive, initiant un nouveau dialogue avec l’Outre-mer à l’écoute de la complexité, de l’épaisseur et du poids de l’histoire de la traite atlantique et coloniale sur la scène artistique contemporaine. Cette table ronde interrogera la place et l’émergence de l’histoire de l’art écrite depuis et avec la Caraïbe, la Guyane, l’Océan Indien et le Pacifique afin d’en révéler ses temporalités, ses enjeux, ses particularités territoriales, son esthétique de la créolité et du métissage. »
Christelle Lozère
SAMEDI 3 FÉVRIER
Cette table ronde invite à une réflexion sur la transmission des gestes séculaires et leurs interprétations. Elle tentera d’interroger les liens entre les formes plastiques et leurs conditions matérielles d’apparition, ce qu’elles permettent ou contraignent. Par la même occasion, cette table-ronde questionnera la notion de savoir et les modes de légitimation dans l’art.
Passeuse : Emmelyne Octavie, autrice-comédienne
Intervenant·es :
Territoires : La Réunion, Guyane, Guadeloupe, Polynésie Française
« Qu’ ielles sculptent,
Qu’ ielles peignent,
Qu’ ielles dessinent,
Qu’ ielles jardinent,
Qu’ ielles performent,
Les artistes de la Caraïbe, l’Océanie, l’océan Indien sans oublier la Guyane portent en eux·elles l’ici et l’ailleurs. L’aujourd’hui et l’autrefois. Dans chacun de leurs gestes créatifs se cache la mémoire d’un de leurs territoires. Des histoires marquées par un vide qui invite à repenser l’héritage des arts entre formes nouvelles et savoir-faire ancestral. Ce sont sur les flots de ces eaux, qui souvent nous séparent, que nous naviguerons le temps de cette conversation. »
Emmelyne Octavie
La mobilité des artistes et la circulation de leurs œuvres ne sont pas uniquement dirigées vers la France hexagonale. Iels sont tourné·es vers d’autres continents que l’Europe comme l’Afrique, l’Asie, l’Amérique du Nord et du Sud … Tous ces lieux sont aussi source d’imagination et constituent des espaces communs de partage du sensible. Nous nous interrogeons sur ces cartographies artistiques qui rendent compte d’une écriture en mouvement au-delà des limites géopolitiques.
Passeuse : Cynthia Phibel, artiste et ingénieure de projet culturel
Intervenant·es :
Territoires : Guadeloupe, La Réunion, Nouvelle Calédonie, Mayotte, Martinique
« Porter une réflexion sur l’art contemporain « Outre-mer », questionner la visibilité des artistes et des œuvres en les cartographiant nécessite de redessiner la carte postale… Repenser les archétypes, déconstruire les vieux rapports antithétiques centre-périphérie. Ce qui rend impérieux que l’on questionne « l’outre »… Un au-delà, par rapport à un lieu défini, qui désigne de loin, ladite périphérie, – qui elle-même sait être son centre, et l’extérieur devenant, ainsi, la périphérie. À partir d’une constellation de mots qui impulsent la création et, construisent des possibles, les invité·es ouvriront ici, un espace d’échange, portant l’ambition de dépasser le seul temps de la rencontre. Une pensée en mouvement…, tel un manifeste : activer de nouvelles formes et récits. »
Cynthia Phibel
Triangle-Astérides invite le chercheur Paul-Aimé William (doctorant à l’EHESS-IMAF sur l’implantation et le devenir des expressions de l’art contemporain sur le territoire guyanais à l’aune des arts des communautés de Guyane) à concevoir une programmation de vidéos et performances.
EN STREAMING
Ces deux jours de rencontres seront également visibles en streaming sur la chaîne Youtube de la Friche la Belle de Mai ici
POUR POURSUIVRE
Des rendez-vous individuels entre artistes des territoires ultramarins et professionnel·les du monde de l’art seront organisés en visio-conférence à posteriori des journées professionnelles, dans une optique de mise en réseau et de conseils.
Coordination : Triangle-Astérides, centre d’art contemporain d’intérêt national & Réseau documents d’artistes en lien avec les acteur·ices de la filière des arts visuels des territoires ultramarins.
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Du 3 février au 2 juin 2024
Les après-midi du mercredi au dimanche
Une exposition qui rassemble les œuvres de vingt-huit artistes issu·es de la Guadeloupe, de la Martinique, de la Guyane française et d’Haïti, et défie une image coloniale en prenant le parti de présenter des travaux d’une densité et d’une matérialité fortes. +
Du 3 février au 28 juillet 2024
Les après-midi du mercredi au dimanche